La grande mascarade de la dette québécoise…

Si on ouvrait le dictionnaire, on y trouverait la définition suivante : « politique visant à réduire les dépenses publiques d’un Etat pour éliminer sa dette ». Tout le monde sait qu’accumuler des dettes est une situation inconfortable qui peut se solder par un défaut. Quand le gouvernement dit qu’un pays est endetté, il est alors normal de penser qu’il faudrait y remédier le plus vite possible. En réalité, alors que la dette des ménages atteint des sommets records, la dette du Québec reste parmi les plus faibles du monde et se classe 134e au classement mondial selon l’indicateur de la dette nette. Décryptage d’une véritable mascarade…

Serrer la ceinture, mais au mauvais endroit…

Pourtant, des think-tanks néolibéraux comme l’Institut économique de Montréal préfèrent s’appuyer sur un indicateur jugé trompeur par certains économistes : la dette brute, qui gonfle le chiffre de la dette pour lui donner un effet affolant. C’est ce chiffre pour le moins démesuré qui sert à justifier l’un des dadas du parti québécois : le déficit zéro. Pour atteindre ce fameux slogan, tous les moyens sont bons : hausse des frais de scolarité, coupures dans l’aide sociale, hausse des tarifs d’Hydro-Québec, maintien de la taxe santé, etc. Comme si la seule manière de rembourser une dette était de serrer la ceinture à des gens qui n’ont pas les moyens. Pourquoi ne pas tout simplement aller chercher l’argent là où il y en a ?

1,39 dollars reçu pour chaque dollar d’impôt !

Au Québec, les entreprises paient 3 milliards de dollars d’impôt annuel, alors que le gouvernement leur redonne 4,2 milliards de dollars à travers différents mécanismes de transfert. En d’autres termes, pour chaque dollar que les entreprises paient en taxes et en impôts, elles en reçoivent 1,39 dollars ! En comparaison, l’Ontario ne redistribue que 12 cents par dollar payé à titre d’impôt. Pourtant, est-ce que le secteur privé de l’Ontario fuit la province pour s’installer au Québec ? Bien sûr que non. Si on regarde les statistiques du taux d’imposition des entreprises québécoises, on remarque même qu’il est en chute libre depuis les années 1960. Peut-on donc arrêter de s’affoler lorsqu’on nous montre des chiffres d’une dette extravagante tout en affirmant que l’on peut imposer les entreprises davantage ? D’un côté, on nous dit qu’il faut puiser dans les poches des plus démunis pour éliminer une dette démesurée. De l’autre, les banques et les entreprises s’en tirent sans débourser le sou, voire en générant des profits pour chaque dollar d’impôt versé !